DÉDICACE
Bientôt en ligne.
Le Son / pour Nedim Türfent.
Depuis le fond de la grisaille de Van
Quatre mètres de long,
Un son arrive par miracle
À travers les murs épais de
Plusieurs siècles de haine,
Un son qui bouscule, faisant trembler
Geôliers habillés de peur
Sans aucune lueur dans les yeux
Seul la crainte pour les faire agir
Le pire n’étant pas la solitude
Mais le silence.
Mais subitement un son
Comme le tonnerre roulant
Depuis le mont Ararat
Où Noé s’est naufragé,
Un son galopant sur les pentes,
usé par le trajet de sa descente
Bolide se réduisant par friction
Jusqu’à la pierre, jusqu’au molécule,
Jusqu’à l’atome
Jusqu’à l’essentiel de la puissance de la revanche de Dieu
Puissant comme la lave dans les veines
D’Ararat qui surgit
Des entrailles de la terre
Comme un météore à l’envers,
Jusqu’à la bouche du volcan
Criant sa colère à Hakkari
Éclatant les oreilles
Des bourreaux sans yeux de Hakkari.
Un son qui se love sur elle-même
Se repliant montagne par montagne,
Vallée par vallée
Colline par colline
Depuis la plaine de Konya
Jusqu’aux crêtes des Toros
Entre la mer Noire
Et le Méditerranée, serré de plus en plus fort,
La rage des innocents concentrée
En une graine de poussière
Poussé dans les vents du Mont Kraçkar
Jusqu’à Erzurum et à travers l’enceinte
De la vengeance aveugle
Pour pénétrer la carapace de ton humanité
Et exploser dans ton coeur.
Et le son s’appelle: vérité.